Je suis arrivée en 2008 à Berlin pour un stage comme journaliste. Depuis quelques années, j’avais l’ envie folle d’aventures berlinoises . Berlin, cette ville d’Allemagne que l’on me décrivait comme la ville européenne des plus improbables, cette ville que son très populaire maire social-démocrate de l’époque Klaus Wowereit décrivait comme « la ville pauvre mais sexy ».

Décision prise, quelques mensonges bien ficelés sur mon niveau d’allemand qui à l’époque était quasi inexistant, je suis retenue pour faire un stage au sein de la rédaction d’un journal franco-allemand de la capitale allemande. Pendant 4 mois, j’ai dévoré Berlin avec appétit. Tout y était à voir, à vivre, à connaitre, à comprendre… avec dans la tête, en boucle, une chanson de mon enfance: 99Luftballons du groupe allemand Nena.

Mon stage achevé, j’y suis revenue le plus vite possible; un mois et demi après, plaquant sur le sol de ma ville belge d’adoption Bruxelles : mon boulot, mes contacts professionnels, mon appartement, mes amis… Je laissais tout pour mon nouvel amour, celui qui sentait si bon la saucisse au curry : Berlin Wilkommen zu Hause ! (Bienvenue à la maison !). J’ai quitté Berlin 5 ans après, depuis 2014 je vis à Montréal.

A l’époque de 99 Luftballons en 1983, j’ai à peine 1 an.Il y a encore un mur qui sépare Berlin et les autres. La Guerre froide lâche là l’un de ses derniers soubresauts: la crise des euromissiles. La course aux armements entre les Etats-Unis et l’ex-URSS est lancée.

 

A la tête de l’URSS, Louri Andropov est Le Praesidium du Soviet suprême, avec pour armes de défense ou d’attaque (tout est question de point de vue) les missiles SS20.

 

Aux États-Unis, le cowboy Ronald Reagan dégaine sans équivoque son programme anti-soviétiques, avec au fond de ses santiags quelques fusées Pershing.

 

Au centre de l’Europe, tout ne tient alors qu’à un fil de béton et justement sur ce fil, en Allemagne, se tient l’oiseau Helmut Kohl  venant fraîchement d’endosser l’armure  de nouveau chancelier de la République Fédérale.

 

En France, François Mitterrand déclare, rose au poing, son soutien à son ami Helmut et indirectement donc à  l’installation, par les américains, de missiles Pershing sur le sol allemand. On s’aime, on se déteste, on se charme  on se trahit, on complote… A l’Est les méchants à l’Ouest les gentils, débute alors la Guerre des étoiles contre l’Empire du mal…

 

Au milieu de « cet univers impitoyable », les rues des grandes villes d’Occident sont envahies par les marches et les cris de centaines de milliers de pacifistes. On manifeste, on pleure, on crie et on chante… Pendant ce temps, en Allemagne de l’Ouest, le groupe Nena, inspiré par ces mouvements non-violents dont le mot d’ordre était « Lieber rot als tod » (« plutôt rouge que mort »), chante 99 Luftballons.

 

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