Tant dans son contenu et dans la forme, en plein centre du quartier de Kreuzberg, ces trois espaces Hau1, Hau 2 et Hau 3 offrent un large éventail de représentations jeunes, avant-gardistes et expérimentales.
Des installations visuelles, sonores en interaction avec le public y font régulièrement une halte. En résidence permanente, entre autres, l’expérimentale troupe de théâtre documentaire Rimini Protokoll.
Côté festival, chaque année, le festival « 100°Berlin » s’installe sur ses planches. La danse contemporaine y est aussi grandement représentée tout au long des saisons, en particulier lors du festival estival « Tanz im August » et le festival Brazilian « MoveBerlim » tous les deux ans.
Le 7ème art s’y critique chaque année, avec la rencontre du « Berlinale Talent Campus » dans le cadre de Festival du film de Berlin: La Berlinale.
Personnellement, je dirais que La Sophiensaele se différencie des autres théâtres indépendants berlinois avant tout en proposant une programmation en grande partie internationale, et en offrant une aide et un encadrement post-production pour artistes et compagnies de tout bord et de tout budget.
Devenu un lieu incontournable pour la création scénique internationale, la Sophiensaelen offre, chaque années une série de festivals majeurs :
Prêts à prendre des risques? Radialsystem V développe et teste de nouveaux formats artistiques. L’idée de base est le dialogue artistique et l’ouverture de nouvelles formes de représentations scéniques non-conventionnelles, permettant des approches et des fusions interdisciplinaires. Vous n’avez rien compris… c’est normal !
Pour y avoir travaillé momentanément, je reste encore bouche bée d’intérêts quand j’y retourne. Difficile de situer cet espace artistique à Berlin, un ovni posé en bord de Spree. Aux manettes de ce vaisseau, son directeur multilingue Jochen Sandig y erre comme un coq en pâte, quant à son épouse, la célèbre chorégraphe allemande Sasha Waltz, elle y donne mensuellement des représentations.
En 2012, La première édition du Berlin Fashion Film Festival a envahi le lieu pour une soirée « modisch » au début prometteur.
Aller à Radialsystem, ne serait-ce que pour profiter de l’immense terrasse en bord de Spree, pour y voir un film en plein air en été ou y boire un verre durant les tièdes après-midis ou soirées printanières ou estivales.
Volksbuhne : littéralement signifie « Scène du Peuple »
Ne serait-ce que pour gratter de l’ongle, ses murs intérieurs recouverts du marbre récupéré dans les ruines de la chancellerie d’Hitler ou pour y battre et débattre du Théâtre tant qu’il est encore chaud, autour d’une table cosy de son Salon rouge.
La Volksbuhne était le théâtre officiel de l’ex-RDA.
Un monument de l’Histoire berlinoise et de l’histoire théâtrale allemande donc, cet imposant bâtiment à l’architecture stalinienne.
Son symbole, une roue en bois de charrette avec deux jambes marche sur la pelouse bordant le lieu. Il s’agit là, d’un symbole cabalistique du cercle à six rayons. Cet insigne de la roue aux deux jambes constituait au XVIIème siècle le signe de ralliement pour les bandits, les sans-logis, les asociaux. Il signifiait, en argot « Va-t’en vite, ici tu es en mauvaise posture.»
Dans les années 30 et 40, les metteurs en scène Max Reinhardt et Erwin Piscator y connaissent la gloire. Durant la seconde guerre mondiale, La Volksbühne est détruite puis totalement reconstruite en 1954.
Depuis 2008, les habitués sont les metteurs en scène allemands Martin Wuttke , Frank Castorf, Herbert Fritsch ou encore René Pollesch, (René Pollesch dont la dernière création « Murmel Murmel » a l’audace de se jouer uniquement sur un texte constitué d’un seul vocable « Murmel » justement !)
La Volksbühne n’est pas seulement un lieu de représentation théâtrale ; lectures de livres, projections de films, concerts (rock,jazz, électro, tango…) prennent possession de ce large ensemble. Une intelligence théâtrale à la hauteur du lieu.
Schaubühne: Théâtre qui est né à Berlin-Est et qui a grandi à l’Ouest.
Elle vient de fêter le 21 septembre 2012, ses 50 ans. Pour l’occasion, le théâtre avait mis les petites scènes dans les grandes avec une soirée d’anniversaire électrisante, à l’image de sa programmation.
Depuis septembre 1999, Thomas Ostermeier y tient à la fois le rôle de directeur artistique associé et de metteur en scène. En 2004, Ostermeier va connaitre un succès remarqué lors du Festival d’Avignon grâce à sa mise en scène de « Woyzeck » de Georg Büchner.
Puisqu’ au théâtre aussi, on n’abuse pas des bonnes choses, je me rends donc qu’occasionnellement à la Schaubühne; en d’Avril 2012, j’ai assisté à Contes africains d’après Shakespeare du metteur en scène polonais Krzysztof Warlikowski. Résultat : une semaine pour retrouver mes esprits.
Le Berliner Ensemble a été fondé à Berlin en 1949 par Bertolt Brecht. L’auteur et metteur en scène y abrita pendant des années sa compagnie.
Aujourd’hui, un groupe d’une soixantaine d’acteurs y perpétuent la volonté brechtienne en y offrant une interprétation de qualité des pièces de Brecht, Max Frisch, Thomas Bernhard, Geog Büchner, Yasmina Reza, Anton Tchekhov.
Deutsches Theater
Les grands metteurs en scène allemands dont Max Reinhardt, Otto Brahm, Heinz Hilpert ou Wolfgang Langhoff y ont travaillé, développé et assis leur succès.
La programmation se rapproche à quelques nuances près au Berliner Ensemble. Gardons tout de même un œil vigilant sur la programmation du Deutsche Theater, où surgit chaque année, en juin, la rencontre d’auteurs de théâtre Autorentheatertage, dont l’édition 2012 fut riche en lectures et échanges, avec comme finissage un Bal Littéraire défiant sa tradition, conception épurée, innovante, dansante et décoiffante.
Une compagnie franco-allemande instinctivement poétique qui donne tout son sens au théâtre bilingue.
J’ai rencontré, par hasard en 2011, cette petite troupe, haut perchée sur la scène du théâtre Kulturfabrik du quartier Moabit. Une étonnante soirée où l’amie qui m’accompagnait, professeur de littérature française à Paris et grande férue de théâtre, trouva l’expression juste pour décrire le jeu, le ton et la présence de ces deux comédiens : « ils sont revigorants! »
Chritina Gumz et Clément Labail se sont rencontrés sur les planches du Lucernaire à Paris.
Elle est allemande, lui est français et tous deux parlent et surtout se risquent à jouer, dans la langue de son partenaire.
Leur projet est donc de mettre en scène et de jouer les mêmes pièces en allemand et en français.
Ils ne revendiquent pas leur démarche linguistique comme une performance théâtrale, au contraire à travers deux langues, l’une familière, l’autre étrangère, ils expérimentent une nouvelle musicalité théâtrale franco-allemande.
Au programme, des lectures mises en scène (Maupassant, Perec, Jean-claude Grumberg, Thomas Bernhard) du café-théâtre, et autres créations scéniques… et quelques soirs quand le rideau tombe, les spectateurs les rejoignent autour d’un verre, afin de poursuivre en allemand et en français, réflexions ou autres débats théâtraux.
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